3 août 2007

Reportage: Adoma nous (re)voilà !


Jeudi 2 août 2007, 42 rue de Cambronne, Paris 15ème, face au siège de l’Adoma (ex-Sonacotra)

On n’était pas nombreux, une petite quarantaine à peine. Militants en vadrouille estivale, résidents « sans-papiers » qui ont peur de se faire rafler, essoufflement des mobilisations ?…

17h45, une délégation est reçue par l’Adoma: un élu du 20ème, l’avocat des résidents menacés d’expulsion, un membre du Copaf (Collectif pour l’avenir des foyers), deux représentants du foyer La Duée. Ils en ressortiront à 19h30, soit près de deux heures plus tard.

A propos des arriérés sur les loyers, il semble qu’une négociation se dessine. C’était le volet le moins compliqué de l’affaire, les sommes étant du reste dérisoires. Au sujet des « surnuméraires » bien sûr c’est plus difficile, beaucoup plus. La Sonaco s’en tient à sa ligne de toujours, immuable : le règlement c’est le règlement, c’est une question de sé-cu-ri-té, point. Lorsqu’il est fait remarquer que question sécurité (robinets qui fuient 24h/24, prises de courant défectueuses et dangereuses, issues de secours bloquées depuis des lustres, etc.) ça laisse effectivement à désirer, le poisson est apparemment vite noyé. Le dialogue est souvent tendu, nous rapporte la délégation.

Dehors, pendant que quelques slogans sont scandés au mégaphone histoire de mettre un peu de pression pendant les discussions qui ont cours à l’intérieur, on discute avec les résidents présents, dont certains habitent au foyer depuis son ouverture (1980). Tous soulignent le fait qu’ils travaillent, et dur. Les conditions de vie déplorables sont évoquées : cuisines collectives fermées sous prétexte de rénovation et mise aux normes et jamais rouvertes, manque de WC (« le matin, avant d’aller bosser, il faut faire la queue »), manque de point d’eau dans les étages (« il faut souvent descendre au sous-sol pour trouver de l’eau »), ascenseurs en panne pendant des mois… Une litanie tout ce qu’il y a de plus digne cependant. Un ras-le-bol et des désirs de conditions de vie décentes. Il est également rappelé que deux personnes logeant dans une chambre de 17 m2 paient chacune 223 euros par mois…

En conclusion :

La lutte continue ! Ne pas faiblir dans la mobilisation, rester vigilants, surtout pendant l'été, période toujours propice à des coups fourrés. Continuer de démarcher auprès des résidents pour qu’ils intègrent des collectifs, ce qui est de toutes façons vital si on a en plus des problèmes de titre de séjour, ne pas rester isolé, ne pas avoir honte, parler de ses problèmes administratifs ou financiers… Pour les assos et les orgas, activer les réseaux et continuer à diffuser l’info.

Avant tout début de semblant de rénovation du foyer, nécessité de mettre en place une table ronde pour régler le problème des menaces d’expulsions : cadres de l’Adoma, résidents, élus, associations, voisins…

Ecrire ou faxer au Préfet de police de Paris pour que soient immédiatement annulées les procédures permettant aux forces de l’ordre de pénétrer dans les foyers, ce qui est inacceptable.

Pour faire avancer le dossier, il s’agit de bien montrer que les cas des « surnuméraires » sont des cas de mal-logés, des sans logis comme beaucoup surtout en région parisienne, victimes de l’exclusion, de l'exploitation et de la stigmatisation, ceux qui ne peuvent avoir accès au marché locatif classique (« quand j’appelle pour une annonce et qu’on entend ma voix d’africain, on me dit systématiquement que le logement est déjà pris »), ni aux logements sociaux (non prioritaires car célibataires sans enfants).

quelques slogans :

Adoma, Sonacotra
Pas de police dans les foyers !

Non aux expulsions !
Discutons des solutions!

Droits des locataires, droit d’héberger !

Adoma, Sonacotra
Rendez-nous nos cuisines !

etc.

Pour mémoire et plus d'explications, voir l'appel au rassemblement.

Quelques photos de
mobilisations passées ou d'autres foyers, et un «mini-docu».

Voir aussi l'article wiki rédigé par un correspondant: Foyers de Travailleurs Migrants.

A suivre...

9 commentaires:

Anonyme a dit…

« Un élu du 20ème » dans la délégation, tiens, tiens. Ils ont donc fini par réussir à en trouver un qui veuille bien s'intéressser à la question. Chapeau. Tu as son nom?

edgar a dit…

Ouaip, c'est Pierre Mansat, adjoint PCF au maire de Paris en charge des relations avec les collectivités territoriales d'Île-de-France.

Anonyme a dit…

Question sécurité, ce ne sont pas les inondations qui sont le plus à craindre. Tu aurais pu parler des incendies. La liste est longue depuis celui qui en 1969 attire l'attention de quelques-uns sur la situation faite au travailleurs africains en France, ce qui amene à la création du GISTI et aux grandes grèves des années 70, au dernier il y a quelques jours dans le 13e. J'en avais dressé une liste...

Anonyme a dit…

Le communiqué des résidents et du COPAF

edgar a dit…

bien sûr, mais j'ai voulu me limiter aux propos recueillis sur place. D'ailleurs qui dit installations électriques défectueuses dit risques d'incendies... dis, il faudrait que tu nous ressortes tes listes...

tiens, j'avais pas fini et le communiqué qui vient d'être posté! à+

Anonyme a dit…

Bon le docu... La photographe, en revanche. A l'air intéressante cette association. A rencontrer

edgar a dit…

je sais mais bon c'était pour mettre un peu d'images, plutôt pour info pour qui n'aurait jamais mis les pieds dans un foyer. Et puis il y a sur le net tellement peu de matériel (ou alors j'ai pas trouvé). En tous cas j'aime bien la devise du collectif: « Open Your Diaph »...

t'as vu, notre ami P.O. Fall a mis la vidéo en lien sur ses blogs:

Jeunes d'Afrique...

à noter aussi la retranscription du discours de Sarko à Dakar et d'autres choses encore...

Anonyme a dit…

Il y a aussi a la frontière du XIe, Bd de Belleville, un foyer, ADEF cette fois, en grève des loyers depuis mars mais qui, soutenu par le COPAF, profite de la situation pour médiatiser leur lutte:

Greve des loyers au foyer Reginaldo, Paris 11eme


En passant en chanson, une d'époque:

« Baladez-vous un peu dans les foyers putrides

Où on dort par roulement quand on fait les trois huit

La révolte qui gronde au foyer noir d’Ivry

Annonce la vengeance des morts d’Aubervilliers

C’est la révolte aussi au cœur des bidonvilles

Où la misère s’entasse avec la maladie

Mais tous les travailleurs immigrés sont nos frères

Tous unis avec eux ont vous déclare la guerre »

« Les nouveaux partisans » de Dominique Grange

aliz a dit…

J'adore "les nouveaux partisans", je connaissais pas j'avoue, dans le genre c'est vraiment très très bien. C'est marrant, c'est toujours on ne peut plus d'actualité et en même temps on sent bien que c'est aussi un morceau d'histoire...

Au fait, vous y avez sans doute déjà jeté un coup d'oeil, mais Pierre Mansat tient un blog:

Rassemblement ce jeudi

à noter encore en lien un article du Parisien en Pdf, que je remets ici:

manifestation contre les expulsions 2 août 2007

DE CES NOTES PRISES DANS LES MARGES DES LIVRES ET D'AUTRES CHOSES ENCORE...