25 oct. 2007

de la suite dans les idées?



Ça y ressemble en tous cas. Notre ministre du logement nous avait déjà fait sourire il y a quelques temps dans une Mare aux Canards intitulée « Les amusements de Matignon »
: « Premier séminaire du gouvernement Fillon le 10 juillet, à Matignon. Deux sujets sont à l'ordre du jour avant le déjeuner : les banlieues et l'emploi. » Quelques blagues et lapsus en amuse-gueules, puis du solide, attention ( Le Canard enchaîné du mercredi 18 juillet 2007) :




Et voilà que maintenant elle annonce qu'elle est prête à passer à l'acte:

Logement: Christine Boutin "n'exclut pas la possibilité" de réquisition

La ministre du Logement Christine Boutin "n'exclut pas la possibilité de réquisitionner certains immeubles" dans le cadre de la préparation du plan hiver, a-t-elle déclaré mercredi à l'AFP.

"En ce qui concerne la préparation du plan hiver, je n'exclus pas la possibilité de réquisition de certains immeubles cet hiver, si nous n'arrivons pas à répondre à la demande", a indiqué Christine Boutin qui a visité, dans la matinée, le centre du 115 géré par le Samu social à Ivry (Val-de-Marne).

"La loi (ndlr: de réquisition) existe, elle a été rarement appliquée, elle n'est pas obligatoirement d'une efficacité à 100% mais, compte tenu de la gravité de la situation, et de facon exceptionnelle, je n'exclus pas la possibilité d'user de ce droit de réquisition dans les zones tendues".

Ce droit de réquisition, a précisé la ministre, pourrait s'exercer "sur des institutionnels, des immeubles qui appartiennent à des compagnies d'assurances et qui ne sont pas utilisés, etc.".

Mme Boutin doit présider jeudi matin, avec les préfets d'Ile-de-France, la réunion annuelle pour préparer le plan "grand froid", plan d'urgence hivernale.

20Minutes.fr avec AFP, éditions du 17/10/2007


Dans une autre dépêche, il est précisé que "
ce droit de réquisition pourrait s’exercer sur des immeubles qui appartiennent à l’Etat ou à des sociétés privées et qui ne sont pas utilisés".


Chiche! "tout" deviendrait-il vraiment "possible" avec ces clowns?


Demandez aux Macaq (dont c'est déjà la deuxième - officielle du moins - tentative avortée d'occupation de locaux vides pour les transformer en résidences universitaires):
Expulsion cinema. Demandez rue de la Banque, où ça s'éternise: 5h01 5oct 07; 5h40 5oct 07; 23h 5oct 07. Même le blog du ministère a été réactivé pour l'occasion. Je le redis : bon d'accord Jeudi Noir sont des bouffons, d'accord A. Legrand, son sourire et son anorak rouge même floutés ça fait tache, quant au DAL... mais quand même... Et encore, tout cela ce sont les vitrines, et quand c'est des actions moins exposées, quand les carnets d'adresses sont moins bien fournis... ?

Demandez près de chez vous, c'est forcément arrivé près de chez vous, ou alors ça ne saurait tarder...

14 oct. 2007

trip-tyque

A la demande générale (!), quelques images. Toujours depuis le troisième étage, mais de jour cette fois et même avec du soleil:


Où l'on voit, de gauche à droite, le bâtiment immonde et désaffecté dont on a déjà parlé, Gallieni 1 qu'il s'appelle. Vient ensuite Gallieni 2 (avec sa navette spatiale qui semble prête à décoller sur le toit), en remplacement du premier. Simple transfert apparemment, quand c'est pourri on en construit un autre à côté et basta. Babylone n'en est plus à ça près.


Puis une des Mercuriales et des HLM. Avec quand même un peu de vert au premier plan (autour des anciens transfos EDF, très intéressant, surtout de près, de voir comme la nature réinvestit peu à peu les lieux), et puis une école, avec son terrain de jeu (la quantité de ballons qui passent chez nous...).


Encore des HLM, et même un foyer Sonacotra (pardon: Adoma), le troisième un peu en retrait, le plus gris, pour loger les ouvriers qui ont construit le reste alentour sans doute.

Et voilà, bientôt des images de l'intérieur...

10 oct. 2007

relocalisation



Cette fois c'est au n° 57. On prend les mêmes et on recommence? Presque.


Histoire de commencer à ouvrir notre nouveau site sur l'extérieur, de faire découvrir les activités du collectif (artistes, associations & individus).

- expositions
- visites des ateliers
- buvette & restauration
- performances
- tables de presse…

et pour les noktambules, il y a toujours le bus de nuit devant la porte. à +

7 oct. 2007

chapitre de suggestions

Dans la vie de chaque homme, il survient au moins une époque où l’esprit semble un court moment se détacher du corps, et, s’élevant au-dessus des préoccupations mortelles, au point d’en avoir une vue compréhensive et générale, apporte en toutes circonstances une appréciation de son humanité, aussi exacte que possible, à cet esprit particulier. L’âme ici se sépare de sa propre idiosyncrasie ou individualité, et considère son être non plus comme sa possession exclusive, mais également comme une portion de l’être universel. Toutes les bonnes résolutions importantes que nous prenons – toutes les régénérations du caractère, marquées dans un sursaut – n’interviennent qu’à de telles crises de la vie. Et c’est ainsi notre sentiment du moi trop aigu qui nous rabaisse et nous conserve au rang d’êtres déchus [1].

* * *


Qu’il y ait une injustice à ne pas considérer l’imagination comme la reine des facultés mentales, c’est ce que prouve la conscience aiguë qu’a l’homme imaginatif du fait que ladite faculté conduit souvent son âme jusqu’à l’aperçu de choses surnaturelles et éternelles – jusqu’à l’extrême limite des grands secrets. En effet, il arrive à sentir par moments les parfums diffus et à entendre les mélodies d’un monde plus heureux. Quelques-unes des connaissances les plus profondes – peut-être toutes les connaissances très profondes – ont été le fruit d’une imagination hautement stimulée. Les grands intellects devinent avec justesse. Les lois de Kepler ont été, de son propre aveu, devinées [2].

* * *


La perception intuitive, apparemment fortuite, par laquelle nous accédons bien souvent à la connaissance, au moment où la raison faiblit, abdiquant tout effort, est assez semblable au coup d’œil jeté furtivement vers une étoile, par lequel nous la voyons plus clairement que si nous dirigions notre point de vue en plein sur elle ; ou bien encore, à la façon dont nous gardons les yeux mi-clos, à la vue d’un gazon, pour en apprécier plus pleinement l’intensité du vert [3].


Edgar Allan Poe, décembre 1844.

Extrait de Marginalia, ouvrage déjà cité ici (Allia, trad. et notes L. Menasché)

[1] Le même sujet est traité par Poe dans quelques nouvelles somnambuliques : Révélation magnétique, La Vérité sur le cas de M. Valdemar, et surtout Colloque entre Monos et Una. Son poème Pour Annie s’inscrit dans une veine comparable.
[2] Johannes Kepler (1571-1630), astronome allemand. L’idée est chère à Poe et sera reprise dans Eurêka.
[3] Cette idée figure, avec quelques modifications, dans Le Double Assassinat dans la rue Morgue ; et sera plus amplement développée dans Colloque entre Monos et Una.

image : Claude Pélieu - Fat Slut Blues (collage-transfert)

3 oct. 2007


3ème étage soir

2 oct. 2007

« Une poche de nuit est en nous »

Gisèle Prassinos, née en 1920 à Istanbul – à l’époque Constantinople –, est poète et plasticienne. Elle a publié dès l’âge de quatorze ans dans la revue Documents 34. Elle a aussi écrit des nouvelles et des romans, dont le très beau Le visage effleuré de peine et Brelin le frou.



Tout sent la noisette ici
Je le sais et je sais aussi
Qu’il y a une table
Et un chien qui se pâment
Comme moi tout est beau ici
Et je vois dans un coin
Entre les fils entremêlés du soir
Une ombre et un chameau
Qui craquent
Pour savoir combien il y a d’heures
Ici j’ai parlé et là je me suis tuée
Et après quand j’ai passé par
Le petit endroit du couloir
Quelqu’un m’a enterrée
Et alors seulement après tant de folies
J’ai compris qu’il y avait des tigres ici
Qu’il y avait aussi des cheveux
Et que la mort et ses yeux ont disparu.





Parmi les fleurs ton cœur a germé
Ainsi qu’un démon des plumes centrales
Et plus tard
Entente certaine
Plus tard très tard dans un lieu sûr
Je t’enlèverai les narines pour que tu sois belle
Très belle
On disait oui
Mais quand mon être vieux et lent
Très veineux et presque maigre
Mais naturellement
Nous irons là
Si vieux qu’il peinait si fort
J’ai chanté avec toi
L’éternelle.



La Lutte Double (G.L.M., 1938).





VIENS SUR MOI…


Viens sur moi sans tes genoux vides
Essaie sans tes doigts que je baise
D’ouvrir ce petit lit lourd de blancheur.
J’y ai mis de la braise.
Un souffle chaud de ceux qu’on trouve à la campagne
L’occupe et nous le fait aimer.
Le matin y plonge sans cesse
Avec des fleurs et du papier d’argent
On sent sous la toile une odeur de bois coupé
Qui monte dans la tête de ceux qui le regardent.
Ecoute-moi ne t’amuse pas à me lancer loin de toi
Admire un peu un objet
Que j’ai confectionné avec ma peau et mon corps engourdi.





LA RIVIÈRE ET LA FLEUR


La rivière et la fleur sont des femelles
Tandis que tes cheveux sont beaux.
J’aime les cheveux et la toile est plus belle
Et plus beaux encore sont les animaux.
Il y a dans tes bras quelque chose qui a des moustaches
Un nez des yeux et quelquefois une queue.
Mais puisque tu ne veux pas me prendre
Tu es très satisfaite.


Facilité Crépusculaire (Debresse, 1937).


DE CES NOTES PRISES DANS LES MARGES DES LIVRES ET D'AUTRES CHOSES ENCORE...