18 avr. 2007

la girafe

"Peigner la girafe."

version courte

Peigner la girafe : ne rien faire ou perdre son temps.

Cette expression daterait de 1827. Le 30 juin, les parisiens purent voir une girafe pour la première fois. L'animal, nommé Zarafa, était un cadeau du pacha d'Egypte au roi Charles X. La foule l'accueillit avec enthousiasme et on l'installa au Jardin des Plantes avec un gardien personnel. Ses supérieurs reprochant à ce dernier de ne rien faire, il aurait répondu pour se justifier qu'il était fort occupé à "peigner la girafe".

version longue

Faire un travail inutile ou fastidieux; trouver le temps long à ne rien faire.

Il releva d'un coup d'épaule crâneur le sac à outils qui bringuebalait sur ses reins, et gagna la porte en ricanant : « D'ailleurs, je m'en fous... On verra bien... Faire ça, ou peigner la girafe!... » (MARTIN DU G., Les Thibeau., Été 14, 1936, p. 508).

Mais d'où vient cette expression?

En 1826, le pacha d'Egypte offrit simultanément au roi de France et au roi d'Angleterre deux jeunes girafes capturées en Abyssinie. Les consuls des deux pays les tirèrent au sort et la France eut la plus belle.

On embarqua la girafe sur un bateau appelé « Les deux frères ». Elle portait autour du cou un parchemin sur lequel étaient écrits des passages du Coran. Des gardiens égyptiens embarquèrent avec la girafe, ainsi que trois vaches qui fournissaient les 20 litres de lait nécessaires pour nourrir la girafe.

La traversée entre Alexandrie et Marseille se passa bien (sauf pour une des vaches qui eut le mal de mer). La girafe était installée dans la cale du navire et son cou sortait par une trappe.

A Marseille, la girafe fut mise en quarantaine (pour éviter la propagation des maladies contagieuses). Puis, on la fit sortir de nuit pour la conduire jusqu'à la Préfecture. Elle était logée dans une baraque en bois et resta la jusqu'en mai 1827. C'était une véritable attraction et la femme du Préfet organisa de nombreuses réceptions.

Au printemps, on fit sortir la girafe pour lui donner de l'exercice et la préparer au long voyage jusqu'à Paris. C'était la première girafe sur le sol français et chaque sortie était un évènement. En tête du cortège, un peloton de gendarmes à cheval, sabre au clair, dégageait le passage et faisait ranger les véhicules. Venaient ensuite les deux vaches. Derrière, la girafe avait un collier de cuir avec six longes que tenaient les gardiens et des employés de la Préfecture. Enfin, des gendarmes à pied contenaient la foule des curieux.

En avril 1826, Etienne Geoffrois-Saint Hilaire, du Muséum (le Jardin du Roi, aujourd'hui Jardin des Plantes à Paris), était arrivé à Marseille pour prendre livraison de l'animal. Il avait fallu organiser le voyage vers Paris et prévenir toutes les préfectures.

Un tailleur fit à la girafe un vêtement imperméable en toile gommée, boutonné sur le devant. Elle avait aussi un capuchon et un col descendant sur le poitrail.

Le voyage vers Paris commença le 20 mai 1827, à l'aube, sous une pluie battante. Il y avait 880 kilomètres à parcourir, par étapes de 20 kilomètres environ.

Un peloton de gendarmerie escortait la girafe et changeait à chaque canton. Une foule nombreuse venait voir cet étrange animal.

A Lyon, ont fit à la girafe un accueil triomphal. Elle fut exposée cinq jours sur la Place Bellecour.

Le 30 juin 1827, la girafe arriva à Villeneuve Saint-Georges. On lui retira son habit de voyage. 25 gendarmes l'escortèrent jusqu'à Paris. A Paris, plusieurs milliers de personnes vinrent l'admirer.

En tout, le voyage dura plus de trois ans. Le 9 juillet 1827, elle fut conduite au château de Saint-Cloud pour être présentée au roi Charles X. Elle portait une couronne de fleur et un manteau de cérémonie. Le roi lui fit manger des pétales de rose dans sa main.

La girafe devint très à la mode. On la voyait sur le fond des assiettes, on fit des bronzes, des carreaux de faïence, des étoffes, des ombrelles...

La girafe vécut au Jardin des Plantes entre 1827 et 1845.

A sa mort, la girafe fut empaillée et elle se trouve aujourd'hui au musée d'histoire naturelle de la Rochelle.

rédigé par une correspondante

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Plaignez la girafe que vous avez peinée, peignez la girafe et peignez la girafe.
(girafe peinte vaut mieux que girafe plainte)

edgar a dit…

oui, on peut aussi la peindre, et très bien même:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Hieronymus_Bosch_015.jpg

DE CES NOTES PRISES DANS LES MARGES DES LIVRES ET D'AUTRES CHOSES ENCORE...