28 avr. 2007

Mieux vaut prévenir que guérir comme disait ma grand-mère

Avec un peu de retard, revenons sur l’expulsion (deux ans avec sursis) de la fac de Montpellier de Yacine, étudiant trop volubile, qui a eu le tort de croire que l’université était encore un lieu de libre parole, de débats et d’échanges, de vie quoi, et non une fabrique aveugle de futurs chômeurs et petits cadres du système Sarkozy. Bien entendu, les témoignages sont contradictoires, mais à ce point c’en serait presque comique, n’était la gravité de la chose :

« Le 22 novembre, un autre incident met la fac en émoi. Pendant la pause précédant le cours de biologie, Yacine veut prendre la parole pour avertir d'une AG sur le projet de loi sur la prévention de la délinquance. Le professeur de bio écrit : «J'ai refusé de lui donner le micro et lui ai dit de sortir. Il n'est pas sorti et a pris la parole pour développer des arguments politiques sous les huées des étudiants exaspérés. L'appel aux forces de l'ordre a été indispensable pour maîtriser et expulser l'intrus.»

Une dizaine d'étudiants ont témoigné : «Dans une extrême violence, le professeur a sauté sur Yacine, l'agrippant au cou», écrit Elsa. «Le prof a fait appel aux vigiles qui avec force soulevaient, traînaient l'étudiant qui tentait de se raccrocher aux tables», dit Andrée. «Les vigiles le tenaient par terre quand la police est arrivée», a vu Judith. »

Les luttes anti-CPE ont donc fait bien peur au pouvoir pour qu’il tente désormais de tuer de la sorte tout embryon de contestation dans l’œuf. Oui, bon, c'est vieux comme le monde en fait. Mieux vaut prévenir (intimider, exclure) que guérir (faire charger la police), pas vrai ?

voir:

"A la fac de Montpellier, un bon étudiant est un étudiant muselé"

et un entretien avec un prof de l’université Montpellier-III

photo: boulevard St-Michel, mars 2006.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me demande en relisant ce billet ce qui me dérange le plus :
ce qui y est dénoncé ou ce qui y est cautionné ...
les faits à l'origine de l'incident ont provoqué des réactions disproportionnées condamnables , inquiétantes ...OK

mais cela autorise-t-il pour autant à cautionner les propos sans même en connaître la teneur,
à les cautionner juste parce qu'on les imagine subversifs ,
à approuver un comportement, un type d'expression qui appartient à un temps révolu et de toute façon pas digne d'un quelconque débat démocratique;
à reléguer tous les étudiants au rang d' "idiots" futurs chômeurs et cadres du système , hum ..
ça me paraît limite méprisant et bien peu respectueux de cette jeunesse qui n'est pas aussi soumise que tu veux bien nous le faire croire ...
vraiment pas , à mon sens ..
je t'assure ..

grain de sel

edgar a dit…

Salut GDS,

bon, je me doutais un peu que « futurs chômeurs et petits cadres du système » (Sarkozy ou Royal, d’ailleurs) serait le bout de phrase qui fâcherait. Mais que veux-tu, il faut parfois mettre le doigt là où ça fait mal…

« Je me demande en relisant ce billet ce qui me dérange le plus :
ce qui y est dénoncé ou ce qui y est cautionné ... »

« Dénoncer » n’est pas vraiment le terme, « cautionner » certainement pas. Soutenir, si tu veux. Bien sûr que poster un tel billet n'est pas anodin, n'est pas neutre. Mais il s'agit avant tout d’informer, de mettre en avant une info passée (pratiquement) inaperçue, et pas seulement parce que la politique-spectacle est, elle, plus que jamais à l’ordre du jour. Même si c'est au fond d'un blog, perdu dans la masse, je ne me fais pas d'illusion...
Depuis, il m’a été confirmé que les faits ont également été rapportés dans la presse locale, mais impossible de retrouver l’article sur le net.

« les faits à l'origine de l'incident ont provoqué des réactions disproportionnées condamnables , inquiétantes ...OK »

nous sommes d’accord, au moins là-dessus.

« mais cela autorise-t-il pour autant à cautionner les propos sans même en connaître la teneur,
à les cautionner juste parce qu'on les imagine subversifs , »

informer de la tenue d’une AG à propos d’un projet de loi, PENDANT LA PAUSE ENTRE DEUX COURS, n’a rien de spécialement subversif il me semble. Il s’agit plutôt d’une liberté de base. Quant à la teneur exacte des propos, je ne la connais pas mais peu importe. Ce n’est pas du contenu dont je parle (quoique cette loi sur la délinquance on sache d’où elle vient). Et la personnalité de ce Yacine je m’en fous complètement, qu’il soit horripilant ou « gentil », carrément imbuvable ou sympa, là n’est pas la question.

« à approuver un comportement, un type d'expression qui appartient à un temps révolu et de toute façon pas digne d'un quelconque débat démocratique; »

là il faudra que tu m’expliques. « temps révolu », « pas digne »… quel comportement ? comprends pas.

« à reléguer tous les étudiants au rang d' "idiots" futurs chômeurs et cadres du système , hum .. »

tu n’es pas sans ignorer que les filières non rentables sont peu à peu sabotées dans les facs, plus ou moins subtilement (je peux te donner des exemples très précis à Paris III – Censier si tu veux), les cursus littéraires par exemple. Seules seront maintenues les filières qui produiront le minimum nécessaire de personnel d’encadrement et de gestion de la machine. D’autres seront tout de même gardées, pour faire diversion, sans débouchés sur le monde du travail, comme on dit. Il y a déjà longtemps que faire des études n’est plus gage de rien du tout. Pour autant je peux comprendre l'angoisse de certain(e)s à 20 ans - mais c'est un leurre que de penser qu'en aseptisant plus encore les facs cela va changer la donne, c'est évident, ça ne peut être que pire.

Je pense qu'il est temps de chercher d’autres formes de « démerde » dans la vie. Et à la limite, étudier en parallèle quelque chose de bien « inutile », juste pour le plaisir, tant que c’est possible…

« ça me paraît limite méprisant et bien peu respectueux de cette jeunesse qui n'est pas aussi soumise que tu veux bien nous le faire croire ... »

mais alors pourquoi mon billet te dérange-t-il, pourquoi sembles-tu « cautionner » (guillemets clin d’œil) le fait qu’on bâillonne un insoumis, puisqu’il en reste… Je voulais justement montrer, au contraire, qu’il y en a encore des insoumis, mais qu’on leur fait la vie dure...

DE CES NOTES PRISES DANS LES MARGES DES LIVRES ET D'AUTRES CHOSES ENCORE...