11 mai 2007

passation de pouvoirs...

Je vais assurer la permanence, pour un temps. Edgar est au four, je suis au moulin...

Il est passé. Il l'a dit, l'a répété jusqu'au bout. Cause de tous les maux du pays, « l"héritage de Mai 68 doit être liquidé une bonne fois pour toutes ». Sauf que...

... ça va pas être possible mon gars. Ed m'a laissé quelques notes:

« Il serait du reste intéressant de se demander une fois de plus de quoi on cause quand on parle de Mai 68. Cependant, que l'importance de Mai ait été sciemment minimisée ou soit même carrément passée à la trappe pour que l'histoire officielle n'en garde que la partie la plus visible, c'est-à-dire des avancées dans le domaine social dont il était de toutes les manières inévitable que la France de l'époque se dote dans un contexte plus général d'"émancipation" des années 60, est pour l'instant une autre question.

Quoi qu'il en soit, tout porte à croire que Sarko a écourté ses vacances de milliardaire autant pour mettre fin aux qu'en dira-t-on qu'à cause de la résistance qui se met en place, de la rue qui gronde. Il doit être pressé de reprendre la main, mais il faudra au moins qu'il attende jusqu'au 16 mai... d’ailleurs, il risque de pas être déçu ce jour-là, et même dès la veille. »

« L'affrontement direct ça va un moment bien sûr. Pourtant, il était important d'en mettre un coup le soir même et les jours suivants, de montrer que tout le monde n'est pas anesthésié par les résultats de cette élection. Hollande a évidemment appelé au calme en disant que poursuivre ce genre d'actions ne ferait que conforter ceux qui veulent plus de sécurité, plus de répression, mais il oublie que c'est déjà le cas ! 53% des français ont voté en parfaite connaissance de cause. Ils ne veulent pas seulement le rétablissement du "travail" (rires) et du "mérite", ils attendent aussi le retour de "l'autorité", de "la morale", du "respect", ainsi que leur champion l'a encore martelé dans son discours inaugural, comme tout au long de sa campagne de 5 ans.»

(cette photo a été prise par Rose, qu'elle en soit remerciée)

Il a raison, je trouve (Edgar hein, pas l'autre). A-t-on déjà oublié qu'au moment des luttes dites anti-CPE, ce n'est pas seulement parce que des millions de gens ont manifesté dans les rues que le gouvernement a fait marche arrière? De cela le pouvoir se contrefout. C'est bien à cause des "débordements", du "désordre", car cela coûte très cher en termes d'image, et d'abord à l'étranger. Mais bien sûr, de là à ce qu'on dise merci aux "casseurs"... Avec ce nouveau président ce sera une autre paire de manches, et il faut s'attendre au pire. Des peines exemplaires ont déjà été prononcées, jusqu'à 4 mois FERME aux dernières nouvelles. Et encore il n'a officiellement qu'un pied dans la place.

(Tunnel, by jeremyspark, deviantart.)

C'est pourquoi il est de toutes façons urgent de penser à d'autres modes d'actions, en liaison avec ce qui se fait déjà. Ed:

« Ne pas oublier que la plupart des personnes qui balancent des trucs sur les flics ne sont pas dans ce qu'il est facile de vite taxer de "nihilisme", elles portent aussi en même temps, tout au long de l'année, des projets plus "constructifs". Nous sommes en effet quelques-uns à penser que l'idée est plutôt de continuer à créer un maximum de "communes", le plus autonomes possibles, des poches de résistance où il sera possible de développer et de consolider sur le long terme. »

Oui, et j'ajouterai pour finir aujourd'hui, que les forces de l'ordre doivent aussi commencer à en avoir un peu marre, malgré tout, d'être constamment poussées au rendement par leur hiérarchie, à faire du chiffre, à "atteindre les objectifs". C'est un aspect qu'il ne faudra pas négliger...

A suivre...

(pour des images de dimanche soir, 6 mai 2007, on peut voir FULLMETALBASTILLE)

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut, Aliz
Edgar au four ?
je serais curieuse de savoir ce qu'il nous mijote ..
Et toi au moulin ?
moulin à vent, j'imagine..
on va donc reparler énergies renouvelables ?
mais pas en parler dans le vent, naturellement ;
A +
Grain de sel

PS: j'ai bien pensé à toi quand "les 2" ont débattu sur l' EPR,
ils auraient bien eu besoin de tes services pour les briefer sur le sujet ...

aliz a dit…

Salut grain de Sel,

ben, au moulin à paroles, un peu quand même, mais il en faut aussi...
bref, disons que j'assure l'intérim...

Le débat entre "les deux" n'était vraiment pas glorieux, c'est le moins qu'on puisse dire. Sur le nucléaire, Sarko était carrément dans les choux. "La moitié" a-t-il fini par lâcher. C'est bien vague, pour un sujet si sérieux... Quant à elle, elle a bien sorti un chiffre qui existe mais, toute à son affaire, elle s'est emmêlé les pinceaux.

En tous cas, c'est lui le chef maintenant et lorqu'il a été question de faire entrer des personnalités "de gauche" dans le futur gouvernement, le nom d'Anne Lauvergeon, patronne d'Areva, a été évoqué...

Anonyme a dit…

Helloooooo Aliz !

Bon sur la vidéo, possible que je vous déçoive, mais ...
Déjà je suis allergique à la violence, et encore plus quand une musique sucrée la fait passer pour romantique, ensuite, ces "manifestants" qui, quand ils ne sont pas complètment défoncés - celui qui pisse, celle ou celui qui danse - se glorifient de balancer divers trucs sur des crs, ça me fait penser à ces jeux de rôle sur le Net, lors des "grandes batailles" à plusieurs. On avance, on recule, on provoque, on réplique, on courre, et finalement qu'est ce qu'on fait ? on s'amuse.

Bon moi aussi je me suis amusée à lire l'article de maitre Eolas sur l'article de Libé rendant compte des comparutions immédiates de ces "manifestants".

Effectivement, ça cautionne un discours de droite réactionnaire, mais surtout, surtout, et c'est pour ça que ça m'irrite, ça détourne des vrais débats à venir ...
Pour Shark, vaut mieux qu'on parle de "ceux qui refusent la démocratie", plutôt que des mesures immédiates qu'il va prendre dès qu'il aura les clefs.

Accessoirement, comment j'aurais la haine, si c'était ma voiture qui avait brûlée ... A priori, ça ne risque pas d'être la tire de Bolloré, qui crâme pendant ces "manifs" anti Shark ...

Bref, voilà, je ne partage pas cette espèce de culte de la "guerilla de rue" ...

Haha désolée !! la proxima vez, je ferai mieux, promis !!
bizzzz en attendant !
Audine

aliz a dit…

Holà Audine !

personnellement tu ne me déçois pas du tout ! ce qui me décevrait ce serait qu’on fasse tous semblant d’être toujours d’accord sur tout…

bien sûr, mettre de la musique sur de telles images (même si j’aime bien « Into Dust » de Mazzy Star, mais c’est une autre histoire) est questionnable. C’est évidemment un choix fort. Il faudrait demander aux auteurEs leurs raisons… Je me garderai bien de répondre à leur place. Je voulais surtout mettre un lien vers des images de ce soir-là.

En tous cas, pour ce qui semble également te déranger, que tout cela s’apparente AUSSI à un jeu, eh bien moi je dis : encore heureux ! On ne dira jamais assez l’importance de la dimension ludique dans les évènements collectifs et les mouvements de contestation en particulier, malgré la gravité de la situation, malgré les risques que cela comporte. Je veux dire qu’il s’agit aussi de moments où l’on se sent, comment dire, vivant. Nos sociétés meurent aussi de ne plus savoir s’amuser, et là c’est tout sauf virtuel ! Concret garanti. Recréer des situations où la ville d’ordinaire si policée redevienne un vaste terrain de jeu, d’improvisations ça n’est pas rien. Cela fait partie de la dynamique, enfin de mon point de vue.

Sur la violence, ou la non-violence, c’est très délicat. Je me permets quand même de rappeler que la violence de l’Etat, par exemple, elle s’exerce tous les jours sur les plus faibles, ceci dit sans victimiser non plus. Alors violence d’un côté, de l’autre… Je ne vais pas te dire qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs, que la fin justifie les moyens quoi, on sait où ça peut mener, au pire. Pourtant, je l’ai déjà dit, si le CPE, par exemple, a été retiré c’est aussi par crainte de davantage de « débordements », ce qui fait toujours mauvais genre pour un gouvernement d’une « grande démocratie ». De même lorsqu’on s’extasie sur Mai 68 et ce qui a été gagné à cette occasion, tout cela dont on parle beaucoup dernièrement pour les raisons que l’on sait, il ne faudrait pas non plus oublier que ça ne s’est pas fait tout seul. En d’autres termes, il faut quand même qu’il y en ait qui fassent le « sale boulot »…

Tu as vu qu’on voit un bébé au début du clip polémique. C’est aussi pour lui, tout ça…

Tu fais bien de me rappeler le blog d’Eolas, je vais aller y faire un tour, Edgar m’en avait parlé aussi et je l’ai d’ailleurs dans mes marque-pages mais il faut que j’y mette de l’ordre, je ne m’y retrouve plus !

Je te laisse pour l’instant Audine, hasta pronto. (tu sais que j’ai pris quelques cours d’espagnol avec Ed ? Première leçon : les slogans dans les manifs en Argentine ! QUE SE VAYAN TODOS, QUE SE VAYAN TODOS !!! ))))) à +
Aliz.

Anonyme a dit…

Pourquoi Kouchner est-il ministrable ?

Cela revient à se demander pourquoi Sarkozy peut se prévaloir de Jaurès et Blum.

Bien entendu, d’abord parce que Sarkozy est d’un cynisme et d’un opportunisme sans borne.
Mais ce serait insuffisant si la gauche « pragmatique » que représente le PS n’avait pas uniquement une posture de gauche, ce qui autorise justement l’imposture de Sarkozy.

La représentation politique de gauche tient, de tout temps, sa légitimité de l’action et de l’engagement auprès de celles et ceux qu’elle veut représenter, défendre.
Il sera aisé de démontrer en se référant à Sartre que la crise existentielle du PS aujourd’hui prend source dans ce détachement de la parole qui n’est plus la représentation de l’action, son décryptage, mais qui se veut autonome.

Les petits marquis et les belles duchesses du PS n’ancrent plus depuis belle lurette leurs propos dans un engagement auprès des travailleurs et des chômeurs.
Ils (elles) prétendent les représenter sans s’engager à leurs côtés, préférant les palabres théoriques et les discours de circonstances, à peine audible pour les non énarques et assimilés.

Sarkozy l’a bien compris et a choisi de parler « vrai » (dans la forme, pas sur le fond…) et il a été plus souvent vu et montré complaisamment par les médias dans les usines que tous les membres de la gauche caviar réunis pendant la campagne.

Qu’ont encore à voir les Lang, DSK, Fabius, Royal, Guigou, avec le peuple ?
Une posture à gauche ne suffit pas pour se revendiquer de gauche. A défaut d’être issu du petit peuple, il faut au moins avoir combattu à ses côtés, être présent aux fermetures d’usines (hors champ des caméras), lors des mouvements sociaux, dans toutes les luttes, pour être crédible et être entendu et compris en retour.
A gauche, le discours doit s’imprégner du terrain, y puiser non seulement les valeurs à défendre mais aussi une capacité d’indignation sincère et renouvelée pour être authentique et reconnu comme tel.
On en est loin, très loin, au PS, où les dirigeants sont plus préoccupés par de petits calculs à court terme à vision électoraliste que par une véritable inclination de représenter les plus démunis.

Et parce qu’il revendique de représenter le peuple, un homme politique de gauche se doit d’être irréprochable. Ce qu’il dit, doit être en accord avec ce qu’il est, ce qu’il fait.
Il doit être un membre de la famille, qui ne peut ignorer qu’il a valeur d’exemple.

Kouchner a longtemps légitimé son discours politique par son ancrage dans l’action qu’il a menée en tant que médecin sans frontière. Il doit encore aujourd’hui à ce passé d’activiste une popularité indéniable auprès des Français.
Il va perdre cette popularité, son honneur et son âme en se fourvoyant avec Sarkozy. Faut-il qu’il soit aveuglé par l’appât du pouvoir (du gain ?) pour céder à une telle proposition…


Achille, qui viendrait bien faire un petit commentaire politique par ici de temps à autres, si ça dérange personne.

Anonyme a dit…

Question d’être dans le vent , c’était un peu raté sur mon premier commentaire !
( mais tu t’en sera douté , je n’avais que la 1°phrase sous les yeux )
J'ai été surprise de découvrir la suite !
Ma réponse immédiate s'est perdue du fait d'un bug de mon ordi, j'ai tardé à tout récrire !

Mais hélas, 3 fois hélas tu nous a entraînés bien de la quiétude d’une société tournant à l’éolienne !

Je suis très mal à l’aise – euphémisme- avec cette violence ,
Pas la peine de m’étendre là-dessus , tout ce que j’aurais à dire , ce seraient des lieux communs , des évidences que certains ont certes dépassées mais que je rejette pour ma part en bloc , qui relèvent pour moi d’une simple histoire de bon sens ;
Je me contenterai donc de quelques réflexions :
*est-ce que la résistance, ou même la lutte ne devient pas une fin en soi, une raison d'exister , les moyens n’acquièrent-ils pas un sens propre , ne prennent-ils pas le pas sur les objectifs ?
* défendre la cause des démunis , des étrangers, des victimes - appelle-les comme tu voudras -là n'est pas la question -, j'entends par là se battre pour une cause qui n'est pas la sienne ou faire sienne une cause étrangère , n'y -t-il pas un risque de récupération , d'une exploitation d'une cause pour des intérêts par forcément convergents ou tout au moins superposables ?
une récupération en quelque sorte qui légitimerait une lutte dont le sens échappe au plus grand nombre , parce que quand même on est loin de vivre dans une oppression insoutenable (si ?)
es-tu bien sûr de poser les problèmes dans les mêmes termes que ceux dont tu défends les intérêts ?
tes préoccupations quand tu défends le droit des sans papiers sont-elles de façon flagrantes de même nature que celles qui te poussent à vouloir démonter notre société ?

qu’est ce qui sert au mieux la cause de ceux dont tu dis défendre les intérêts , la vidéo des affrontements ou bien la pétition qui circule sur le refus d’expulser des sans-papiers atteints de maladies graves ?

n'es -tu pas dans la même logique de pouvoir , le pouvoir de gouverner, le pouvoir de l'argent , l'emprise des uns sur les autre d'un côté et le contre-pouvoir de l'autre , le tout se définissant l'un par rapport à l'autre et on reste donc encore dans le même système , la même logique qui est celui des rapports de force ;

on devrait pouvoir échapper à cette hiérarchie, s’en désolidariser, "s’en foutre" en quelque sorte ;
voir l’avenir sous un autre angle, imaginer des perspectives non centrées sur l’argent ou le pouvoir ;
c’est d’ailleurs dans cette approche que je me suis sentie concernée par tes propos sur la décroissance ;

prendre d'autres valeurs , d'autres références pour mesurer notre degré de liberté, d'épanouissement ; de " bonheur " ???

et si on s'éloignait de cette réflexion, si on pensait nos vies non pas par rapport à ce besoin de puissance mais à une échelle de fraternité de solidarité d'amour tout simplement où l'on mettrait de côtés ces luttes , cette hiérarchie;
naturellement , je ne veux pas dire par là qu'il ne faille pas combattre les injustices ..

et puis , j’irais même plus loin,
de la même façon qu’on peut s’approprier une cause étrangère pour donner un sens à un combat , on peut aussi s’approprier des raisons étrangères pour construire nos manques ;
se refuser d’accéder à son propre épanouissement au prétexte que d’autres sont en situation de souffrance ;
s’approprier le malheur des autres pour s’interdire ou pour se justifier de ne pas chercher ou de ne pas trouver les moyens d’accéder à la pleine jouissance de notre vie ;


tu as dit aussi
"Ils ne veulent pas seulement le rétablissement du "travail" (rires) et du "mérite", ils attendent aussi le retour de "l'autorité", de "la morale", du "respect"...."
je n'arrive pas à foutre à la poubelle toutes ses valeurs ...( mis à part certainement le mérite )
et je m'interroge sur ce qu'elles ont de fondamentalement incompatibles avec la liberté d'agir et de penser par soi-même , ce fameux héritage de mai 68 que personne ne pourra remettre en cause)
j'y reviendrai un de ces quatre ..

>ce qui me décevrait ce serait qu’on fasse tous semblant d’être toujours d’accord sur tout…
la question n'est plus d'être d'accord ou pas ,
être d'accord ou être simplement soi-même

Grain de sel

aliz a dit…

A Achille:

déranger? Plus on est de fous...

Dans ton analyse, mesurée, lucide, d'un point de vue PS, justement, tu as peut-être oublié de dire à quel point cet appel du pied à des personnalités "de gauche" relève avant tout de la volonté de former un gouvernement d'opérette, au moins jusqu'aux législatives, afin de faire enrager le PS et Bayrou et de déboussoler encore un peu plus leurs électeurs. On verra bien qui accepte, et qui reste après le 17 juin... Plus que les têtes de gondole genre Kouchner, me semble inquiétant un Allègre qui a accepté une "mission" (moins exposé donc, davantage "dans l'ombre") afin de "moderniser" l'université. Sa légendaire propension à prendre tous les enseignants pour des feignasses et sa malhonnêteté avérée dans le débat sur l'importance du rôle de l'homme dans le processus de réchauffement climatique suffisent déjà pour que, dans le genre, on puisse s'attendre au pire...

edgar a dit…

Devaquet, en 86, était inconnu du grand public. C'est son projet de loi qui a mis le feu aux poudres. Pas besoin de tête de pipe médiatique pour que "la jeunesse descende dans la rue", comme on dit. Ce sera sur les réformes que ce gouvernement sera jugé, sanctionné. Mais c'est vrai qu'un personnage comme Allègre, surtout depuis les photos du Canard où on le voit entrer en loucedé au QG de Shark, après diverses déclarations (Le socialiste Claude Allègre se dit "prêt à aider Nicolas Sarkozy"; M. Allègre affirme que le président élu "l'impressionne", qu'il "a du charisme et, en plus, il est très sympathique", AFP 12/05/07), est facilement identifiable, même s'il opère "dans l'ombre" comme tu dis, et ça ne pourra que stimuler la contestation qui vient...

aliz a dit…

à Grain de sel:

tu pointes effectivement assez bien les travers divers et variés de ce qu’il faut bien appeler le militantisme, faute de mieux.

ton commentaire est assez fourni et c'est pas évident d'y revenir sans reprendre point par point. Je te parlerai comme je vois les choses, moi, c-à-d que je n'ai pas de recette...

"est-ce que la résistance, ou même la lutte ne devient pas une fin en soi, une raison d'exister , les moyens n’acquièrent-ils pas un sens propre , ne prennent-ils pas le pas sur les objectifs ?", écris-tu.

ben, la réponse est dans la dernière partie de la question: si les moyens prennent le pas sur les objectifs, c'est foutu... Quant à la raison d'exister, tu te rappelles ce que disait Edgar du moine-militant qui, tout à son affaire, en oublie de vivre? C'est un peu ça, à éviter, absolument...

"défendre la cause des démunis [...] j'entends par là se battre pour une cause qui n'est pas la sienne ou faire sienne une cause étrangère , n'y -t-il pas un risque de récupération , d'une exploitation d'une cause pour des intérêts pas forcément convergents ou tout au moins superposables ?"

Encore une fois il me semble que tu fais les questions et les réponses, c-à-d que tu mesures bien les risques, notamment les risques de "dérives", propres aux organisations qui peuvent dans le pire des cas arriver à instrumentaliser ceux qu'ils défendent (sur les questions de logement par ex...). De manière générale je pense que les orgas sont à fuir comme la peste. J'ajouterai qu'il ne s'agit pas de "défendre" mais de "lutter avec", même si cela sonne prétentieux de le dire comme ça...

"es-tu bien sûr de poser les problèmes dans les mêmes termes que ceux dont tu défends les intérêts?"

Je ne sais pas. Forcément les parcours sont différents. Donc complémentaires? Poser les problèmes de différentes manières, les retourner dans tous les sens, ne pas se laisser enfermer dans de faux choix, oui, il faut bien commencer par là...

"tes préoccupations quand tu défends le droit des sans papiers sont-elles de façon flagrantes de même nature que celles qui te poussent à vouloir démonter notre société ?".

Oui, tout est lié. Il faut encore et encore le répéter: ce qui est testé sur les maillons les plus faibles (dans le contexte actuel) de la société est toujours étendu ensuite au reste de la population, l'histoire nous l'enseigne. Voir les citations de Gérard Noiriel, replacées dernièrement par Ed. Ce n'est pas un délire parano.

"qu’est ce qui sert au mieux [...] , la vidéo des affrontements ou bien la pétition qui circule sur le refus d’expulser des sans-papiers atteints de maladies graves ?"

Je ne vois pas pourquoi tu bloques encore sur cette vidéo, enfin si je vois mais je répète que je voulais surtout mettre des images en témoignage, pour en laisser une trace, je ne m'en sers pas de bannière, c'est ce que j'ai trouvé sur ce soir-là, c'est tout. Pour la pétition, je suppose que c'est celle du Gisti/MDM qu'a faite circuler Edgar. C'est très bien, l'un n'empêche pas l'autre.

"n'es -tu pas dans la même logique de pouvoir [...] et le contre-pouvoir de l'autre , le tout se définissant l'un par rapport à l'autre et on reste donc encore dans le même système , la même logique qui est celui des rapports de force"

Encore une fois, tu captes bien les risques. Ce qui est sûr c'est que c'est clairement un rapport de forces, mais l'idée est de ne pas se laisser enfermer sur des terrains et dans l'usage d'armes que l'on n'aurait pas choisis, où l'on partirait forcément perdant, l'idée est de surprendre, d'être là où on ne t'attend pas... de nouveau ça fait assez prétentieux de le dire mais...

Rien à dire sur la suite, sauf:

"se refuser d’accéder à son propre épanouissement au prétexte que d’autres sont en situation de souffrance ;
s’approprier le malheur des autres pour s’interdire ou pour se justifier de ne pas chercher ou de ne pas trouver les moyens d’accéder à la pleine jouissance de notre vie"

Euh, ça n'a jamais été ma tasse de thé, bien au contraire! je vois pas trop ce que vient faire cette tirade...

Bien, chère GDS, il faut maintenant que je te laisse, mais c’est toujours bon de te lire, « acharnée » que tu es ! Bienvenue au club…

je reviendrai sur la dernière partie de ton commentaire, j'espère bientôt. Salut!

Anonyme a dit…

merci , Aliz, de tes longs commentaires ,

Quand je parle de la différence des motifs de contestation, j'ai dans l'esprit que le plus grand nombre de contestataires contestent leur propre statut social qui ne les satisfait pas,
ou une inéquation entre leur ambition, leur capacité et leur propre condition matérielle,
une situation qui est subie , inadaptée,
une injustice ou un décalage dans un système social où ils se sentent ( sont ) victimes ...
mais je ne suis pas certaine que tous revendiquent une remise à plat fondamental de l’ordre social et qu’ils tiendraient les mêmes propos s’ils ne s’estimaient victimes d’une situation subie , mais au contraire à leur place dans la société ( y'en a , ça existe aussi ..)
en bref, être un contestataire altruiste, ça ne tombe pas sous le sens …
mais tu m’en apportes la preuve !

Grain de sel

DE CES NOTES PRISES DANS LES MARGES DES LIVRES ET D'AUTRES CHOSES ENCORE...